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Sommaire "Ateliers d'écriture 2003-2004".

 

  

Corinne Jaquet déniche un cadavre
aux Degrés-de-Poule ! 

 (14/11/2003)

Son dernier livre vient de sortir avec le Palais de Justice, ses œuvres, ses pompes, ses couloirs.

  

JEAN-NOËL CUÉNOD


Paris avait Léo Mallet qui a écrit quinze polars se passant chacun dans un arrondissement de Paris. Genève a Corinne Jaquet qui promène ses héros dans nos quartiers. Après Le pendu de la Treille, Café-crime à Champel, Fric en vrac à Carouge, Casting aux Grottes et Les Eaux-Vives en trompe-l'œil, la romancière remonte en Vieille-Ville - vers ce Palais de Justice qu'elle a tant fréquenté lorsqu'elle couvrait les procès pour feu le quotidien La Suisse - par l'entremise de son nouveau roman-policier, Les Degrés de Poule, paru, comme la majorité de ses livres, aux Editions Luce Wilquin en Belgique.

Un avocat, qui vient de sortir de plaidoirie, tombe sur un cadavre dans ces Degrés-de-Poule que des générations de garnements ont rendu si sonores en balançant force poubelles au sommet des innombrables marches d'escaliers. Eh oui, jadis, les poubelles faisaient du bruit dès potron-minet! Aujourd'hui, ce monopole est réservé aux camions-poubelles mais plus aux poubelles tout court. Enfin passons. Ou plutôt arrêtons-nous sur ce cadavre qui sert de point de départ au livre.

«Des personnages constitués en prenant des traits ici et là»

Corinne Jaquet, ancienne chroniqueuse judiciaire, nous a-t-elle livré un roman à clé? Déjà, quelques habitués du Palais ont, paraît-il, reconnu en Me François Canonica, le plaideur qui s'illustre dès les premières pages. Et d'aucuns font circuler d'autres noms. Peine perdue, il n'y a pas de clés dans Les Degrés de Poule ou alors, elles sont multiples, comme nous l'explique la romancière:

«Tout roman que son auteur situe dans un monde qu'il connaît contient des clés. Pendant des années, je me suis trouvée au cœur de ce Palais de Justice et son ambiance a forcément nourri mon écriture. Mais aucun de mes personnages ne correspond intégralement à une personnalité vivante. Je les ai reconstitués en prenant des traits ici ou là, de façon disparate. En faisant de mon livre un roman à clé, je serais immanquablement tombée dans la caricature. Or, j'ai voulu éviter ce piège.»

Tout chroniqueur judiciaire qui a mûri dans cette effrayante, lamentable et fascinante institution a des comptes à régler. Non?

- Qu'on se le dise, je n'ai aucun compte à régler au Palais de Justice, ni ailleurs du reste! Je n'écris pas pour assouvir je ne sais quelle vengeance. Mon bonheur est beaucoup plus simple. C'est celui d'une cheftaine qui conduit ses louveteaux-lecteurs sur les traces d'un jeu de piste. Je n'ai pas d'autres prétentions que de m'amuser et de divertir le lecteur. Et si j'en crois les nombreuses réactions que je reçois, ce but est atteint.

Pourquoi cette Genevoisissime publie-t-elle en Belgique?

- Figurez-vous que je n'ai jamais cherché d'éditeur! Pour mon premier polar, je comptais m'au-toéditer et c'est à la faveur d'une rencontre au Salon du livre de Genève en 1997 que j'ai éprouvé un coup de foudre professionnel pour l'éditrice belge Luce Wilquin qui venait de lancer sa collection «Noir-Pastel». Peu après, c'est elle qui a édité le Pendu de la Treille.»

Pour Corinne Jaquet, les astres sont fastes: elle va entamer une série de lectures et de signatures en Suisse alémanique; de plus, son premier roman est en cours de traduction en anglais. Qui ose prétendre que le crime ne paie pas?».

Photo : Pascal FRAUTSCHI - 6 novembre 2003

 Photo : Pascal Frautschi